Métrique en Ligne
VER_12/VER603
Paul VERLAINE
ODES EN SON HONNEUR
1893
VII
Fifi s’est réveillé. Dès l’aube tu m’as dit 12
Bonjour en deux baisers, et le pauvre petit 12
Pépia, puis remit sa tête sous son aile 12
Et tut pour le moment sa gente ritournelle. 12
5 Ici je te rendis pour les tiens un baiser 12
Multiforme, ubiquiste et qui fut se poser 12
De la plante des pieds au bout des cheveux sombres 12
Avec des stations aux lieux d’éclairs et d’ombres, 12
Un jeu (car tu riais) ridiculement doux, 12
10 Et, brusque, entre les tiens je poussai mes genoux, 12
Tôt redressé sur eux et, penché vers ta bouche, 12
Fus brutal sans que tu te montrasses farouche, 12
Car tu remerciais dans un regard mouillé. 12
C’est alors que Fifi, tout à fait réveillé, 12
15 Le mignon compagnon ! comparable aux bons drilles 12
Que le bonheur d’autrui ne fait pas envieux, 12
Salua mon triomphe en des salves de trilles 12
Que tout son petit cœur semblait lancer aux cieux. 12
Il sautillait, fiérot, comme un gars qui se cambre, 12
20 Acclamant un vainqueur justement renommé, 12
Et l’aurore éclatant aux carreaux de la chambre 12
Attestait spins mentir que nous avions aimé. 12
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