Métrique en Ligne
VER_12/VER597
Paul VERLAINE
ODES EN SON HONNEUR
1893
I
Tu fus une grande amoureuse 8
A ta façon, la seule bonne 8
Puisqu’elle est tienne et que personne 8
Plus que toi ne fut malheureuse 8
5 Après la crise de bonheur 8
Que tu portas avec honneur, 8
Oui, tu fus comme une héroïne, 8
Et maintenant tu vis, statue 8
Toujours belle sur la ruine 8
10 D’un espoir qui se perpétue 8
En dépit du Sort évident, 8
Mais tu persistes cependant. 8
Pour cela, je t’aime et t’admire 8
Encore mieux que je ne t’aime. 8
15 Peut-être, et ce m’est un suprême 8
Orgueil d’être meilleur ou pire 8
Que celui qui fit tout le mal, 8
D’être à tes pieds tremblant, féal. 8
Use de moi, je suis ta chose ; 8
20 Mon amour va, ton humble esclave, 8
Prêt à tout ce que lui propose 8
Ta volonté, dure ou suave, 8
Prompt à jouir, prompt à souffrir, 8
Prompt vers tout hormis pour mourir ! 8
25 Mourir dans mon corps et mon âme, 8
Je le veux si c’est ton caprice. 8
Quand il faudra que je périsse 8
Tout entier, fais un signe, femme, 8
Mais que mon amour dût cesser ? 8
30 Il ne peut que s’éterniser. 8
Jette un regard de complaisance, 8
O femme forte, ô sainte, ô reine, 8
Sur ma fatale insuffisance 8
Sans doute à te faire sereine : 8
35 Toujours triste du temps fané, 8
Du moins, souris au vieux damné. 8
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