Métrique en Ligne
VER_10/VER555
Paul VERLAINE
CHANSONS POUR ELLE
1891
IX
Tu m’as frappé, c’est ridicule, 8
Je t’ai battue et c’est affreux : 8
Je m’en repens et tu m’en veux. 8
C’est bien, c’est selon la formule. 8
5 Je n’avais qu’à me tenir coi 8
Sous l’aimable averse des gifles 8
De ta main experte en mornifles, 8
Sans même demander pourquoi. 8
Et toi, ton droit, ton devoir même, 8
10 Au risque de t’exténuer, 8
Il serait de continuer 8
De façon extrême et suprême… 8
Seulement, ô ne m’en veux plus, 8
Encore que ce fût un crime 8
15 De t’avoir faite ma victime… 8
Dis, plus de refus absolus, 8
Bats-moi, petite, comme plâtre, 8
Mais ensuite viens me baiser, 8
Pas ? quel besoin d’éterniser 8
20 Une querelle trop folâtre. 8
Pour se brouiller plus d’un instant, 8
Le temps de nous faire une moue 8
Qu’éteint un bécot sur la joue, 8
Puis sur la bouche en attendant 8
25 Mieux encor, n’est-ce pas, gamine ? 8
Promets-le-moi sans biaiser. 8
C’est convenu ? Oui ? Puis-je oser ? 8
Allons, plus de ta grise mine ! 8
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