Métrique en Ligne
VEN_1/VEN85
Henri VENDEL
Chants du couvre-feu
1945
POÈMES DE LA PRISON
LA FOIRE LOINTAINE
Une musique vient d'une foire lointaine. 12
Là-bas, sur des cochons, tournent de jeunes femmes, 12
et moi, déjà vieilli, je tourne avec mes peines 12
dans ce manège étroit qu'on appelle mon âme. 12
5 Ne sortirai-je, un jour, de ces pensées moroses ? 12
J'écoute; mort geôlière, un approche de pas, 12
cependant qu'au jardin se préparent les roses 12
et que des amants fols rêvent de leurs combats. 12
C'est la fête à la foule et c'est mon deuil encore. 12
10 Mon être, en vain, se tend vers les bourgeons d'avril : 12
dans ces murs il n'est plus de rayon qui me dore 12
et l'aurore elle-même apporte ses périls. 12
Seigneur, ai-je mangé toute ma part de joie ? 12
suis-je un arbre si vieux qu'il ne porte plus fruit ? 12
15 Une chose inutile et qu'entraîne son poids ? 12
Seigneur, m'emportez-vous à l'éternelle nuit ? 12
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