POÈMES DE LA PRISON |
LA RADE |
A Claude BELLANGER.
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Mes bonheurs d'antan, où sont-ils enfuis ? |
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Qui les a chassés ? le vent ? le tonnerre ? |
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Je descends, lié, vers la pire nuit, |
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oubliant déjà qui je fus naguère. |
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Mes plaisirs sont faits d'une soupe chaude, |
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d'un somme, à l'étroit dans mes couvertures. |
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J'écoute les pas des geôliers qui rôdent : |
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leurs cris, dans la cour, sont mes aventures, |
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et les cris sont durs et les pas sont lourds. |
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Il n'est plus de terre, il n'est rien que murs. |
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Aux pleurs des prisons le ciel reste sourd, |
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le ciel dont je vole un lambeau d'azur. |
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Quatre pas en large et trois pas en long : |
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sous le même joug les trois camarades, |
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du matin au soir, sans fin, nous allons… |
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N'atteindrons-nous donc, jamais, une rade ? |
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