POÈMES DE L'ATTENTE MORNE |
POUR LES MORTS EN CAPTIVITÉ |
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Les tilleuls de tes mails dans la brume s'effeuillent |
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et ton âme est pareille à la vieille aux tisons. |
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Ne pleure plus, ô France, une folle saison |
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mais, l'oreille aux tombeaux, médite et te recueille. |
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Qu'importe au cœur altier, qu'importe l'indigence ? |
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Ton deuil même t'élève et le fardeau sacré |
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des fils tôt revenus au sol dont ils sont nés. |
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Tu les portes en toi comme avant leur enfance, |
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mais les os que retient une terre étrangère… |
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Cueille l'ultime rose à ton jardin d'automne, |
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mère des morts, et soulevant ton voile, donne |
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ton plus tendre baiser à ceux-là de nos frères |
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qui s'abreuvent d'exil jusqu'en leurs cimetières. |
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Toussaint 1943.
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