Métrique en Ligne
VEN_1/VEN131
Henri VENDEL
Chants du couvre-feu
1945
POÈMES DE L'EXIL
LES SAISONS NUES
Les champs me livrent aux Saisons. Elles vont nues 12
et rien ne cache, à mes yeux effrayés, leur fuite : 12
pas un amour, pas un combat, aucune nue. 12
Les heures lentes à venir, comme elles quittent 12
5 nos regards ! Se peut-il que déjà les moissons, 12
dans le soir plus hâtif, cèdent place aux éteules ? 12
On veut que le temps passe, et, soudain, quel frisson ! 12
Bientôt, sur le plateau, s'élèveront les meules, 12
mais quel grain sauverai-je ? ou quelle paille ? Dieu 12
10 m'offre-t-il vainement, de ses deux mains, le monde ? 12
Ah ! saisir, arrêter la course du ciel bleu ! 12
Cet ample amas de fruits, de fleurs, n'est-ce qu'une onde, 12
et mes jours, et mon corps ? Tout s'écoule, je sais. 12
Du moins, permettez-moi de cueillir à brassées, 12
15 puisque vous m'avez fait ces craintives vacances, 12
Seigneur, tant de vos dons que le passant dédaigne ! 12
N'est-il fleuri de mélilot, de centaurée, d'immense 14
azur, le, vieux chemin qui mène à votre règne ? 12
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