Métrique en Ligne
VDS_1/VDS8
corpus Pamela Puntel
Ali-Joseph-Augustin VIAL DE SABLIGNY
LES GRAINS DE POUDRE
1871
A NAPOLÉON III
Poésie récitée par Mme Eugénie PETIT au cirque national
HOMMAGE A MON PARRAIN
Dis-moi, Napoléon, qu'as-tu fait de la France ? 12
Qui pourra motiver ta lâche défaillance ? 12
Qu'oseras-tu répondre au malheureux pays 12
Ravagé, saccagé par le flot d'ennemis 12
5 Que toi seul as lancé sur notre territoire ? 12
Qu'oseras-tu répondre, hélas ! lorsque l'histoire, 12
Ce tribunal suprême où l'on doit te juger : 12
Devant tout l'univers, viendra t'interroger ? 12
Dis-moi, Napoléon, qu'as-tu fait de la France 12
10 Et de ses braves fils, si remplis de vaillance ? 12
Tu voulais notre honte et notre déshonneur ! 12
Tu vendais tes sujets pour rester Empereur ! 12
Tu voulais nous couvrir de cette boue infâme 12
Dont tu ne craignis pas, toi, de souiller ton âme ! 12
15 Mais l'austère destin a trompé ton espoir, 12
Il a brisé ton trône et détruit ton pouvoir. 12
Dis-moi, Napoléon, qu'as-tu fait de la France, 12
De ces champs qui jadis rayonnaient d'abondance ? 12
Le sillon s'est durci privé du laboureur 12
20 Et l'écho ne redit que des cris de terreur ! 12
On a tué les gens et brûlé les villages. 12
Le canon en tous lieux a commis ses ravages !… 12
Voilà, voilà ton œuvre, ô grand Napoléon ! 12
C'est l'œuvre d'un bandit, et parjure et félon ! 12
25 Oui, ce sol glorieux, la belle et noble France 12
Hélas ! c'est maintenant la terre de souffrance ! 12
Mais pour te dénoncer au monde tout entier, 12
Sa voix, entre deux pleurs, sa voix sera d'acier ; 12
Pour demander justice en raison de l'outrage, 12
30 Pour lancer l'anathème à ton pâle visage, 12
Nous nous lèverons tous, nous que la trahison 12
Dans Paris fit cerner comme en une prison. 12
Ton aigle a déserté les plaines de la France, 12
Trop longtemps son aspect pour nous fut une offense ! 12
35 Il emporte en partant la haine et le mépris 12
De tous les citoyens et de tous les partis ! 12
Ton aigle est un serpent qui rampe avec bassesse, 12
Qui, par sa fourberie et sa scélératesse, 12
Allume en notre sein la torche des combats 12
40 Et cherche à se sauver en livrant ses soldats ! 12
Tu pouvais obtenir le pardon de la France 12
Et des siècles un jour mériter la clémence 12
Il fallait pour cela te frapper sans retard 12
De ce fer qu'à Guillaume on porta de ta part ! 12
45 C'était trop réclamer de ton cour détestable ; 12
D'un pareil dévoûment tu n'étais pas capable 12
Et tu voulais, atôme, égaler le Titan !… 12
On subit Waterloo, mais on maudit Sedan ! 12
Quel nom recevras-tu, toi qui pour notre France 12
50 D'amour et de respect n'avais que l'apparence, 12
Toi, despote, tyran et perfide et menteur, 12
Qui violais nos droits sans la moindre pudeur, 12
Nous écrasais d'impôts pour payer les caprices, 12
El qui bien gorgé d'or, grâce à tes artifices, 12
55 Te retires soudain, quand pour nous mettre bas, 12
Des milliers de Prussiens s'avançaient à grands pas ? 12
Quel juste châtiment t'infligera la France 12
Pour avoir abusé de notre confiance ! 12
Quel sceau réprobateur imprimer à ce front 12
60 Qui ne sais plus rougir sous le poids de l'affront, 12
Sil faut le mesurer à la grandeur des crimes, 12
S'il faut le mesurer au nombre des victimes ?… 12
Que le peuple construise autant de piloris 12
Qu'il en faut pour ta race et tons tes favoris. 12
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