Métrique en Ligne
VDS_1/VDS13
corpus Pamela Puntel
Ali-Joseph-Augustin VIAL DE SABLIGNY
LES GRAINS DE POUDRE
1871
A LA FRANCE
J'ai pleuré les malheurs, ô ma sainte patrie ; 12
Mon cœur a bien souffert, mais aujourd'hui ma voix 12
Te dit : Tu reverras, ma France tant chérie, 12
Les beaux jours d'autrefois. 6
5 Par le fer et le feu tu fus bien mutilée, 12
On t'a réduite, hélas ! au plus affreux état, 12
il t'a fallu compter d'une âme désolée 12
Plus d'un sanglant combat. 6
Mais tu redeviendras cette reine du monde, 12
10 Dont les échos jadis célébraient la grandeur ; 12
Tu seras de nouveau cette terre féconde, 12
Modèle de splendeur. 6
Ton étendard troués, tout noirci par la poudre, 12
Luira plus que jamais du prestige éclatant 12
15 Qui le faisait partout ressembler à la foudre 12
Dans les mains d'un géant. 6
Jaloux de ses succès, le torrent de la Prusse 12
Dans ses flots tourmentés a voulu l'engloutir, 12
Mais il surnagera, défiant son astuce 12
20 Qui ne peut l'avilir. 6
Qu'on le sache donc bien, la France est immortelle, 12
Et malgré ses revers doit reprendre son rang ; 12
Elle saura se faire une force nouvelle 12
Avec un nouveau sang, 6
25 Nous avons vu pâlir un instant notre étoile 12
Dans un ciel orageux sans en être effrayés ; 12
Les nuages épais qui la couvrent d'un voile 12
Seront tous balayés. 6
Nous avons entendu mugir un vent perfide 12
30 Et notre dernier jour semblait être arrivé ; 12
Demain, tout le dégât de sa course rapide 12
Nous l'aurons relevé. 6
Nous avons contemplé l'horrible précipice 12
Dont les flancs hérissés se présentaient à nous. 12
35 Mais avant que la France en y tombant périsse, 12
Prussiens, tremblez pour vous. 6
Nous avons vu l'écueil menacer notre barque 12
Sur la mer en courroux sans nous inquiéter ; 12
A ton tour, roi Guillaume, ô trop puissant monarque, 12
40 Tâche de l'éviter. 6
Pour nous servir d'abri, de bouclier, d'armure, 12
La liberté se lève aux rayons du soleil, 12
Ainsi qu'un arbre altier elle étend sa ramure 12
Aux charmes sans pareil. 6
45 Notre patriotisme est l'ardente fournaise 12
Où s'embrasent nos sens, où s'enflamment nos cœurs, 12
Nous nous rappellerons l'air de la Marseillaise 12
Pour être les vainqueurs. 6
O France ! ces guerriers accourus pour t'abattre, 12
50 Un jour, qui n'est pas loin, tu les étoufferas, 12
Tu les verras alors haletants se débattre 12
Dans tes robustes bras. 6
D'attendre et d'espérer il te faut le courage ; 12
C'est le temps qui guérit les plus grandes douleurs ; 12
55 Chacun s'inclinera, quand aura fui l'orage, 12
Au pied des trois couleurs ! 6
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