Métrique en Ligne
VAL_1/VAL17
Paul VALÉRY
ALBUM DE VERS ANCIENS
1920
Été
à Francis Vielé-Griffin.
Été, roche d’air pur, et toi, ardente ruche, 12
Ô mer ! Éparpillée en mille mouches sur 12
Les touffes d’une chair fraîche comme une cruche, 12
Et jusque dans la bouche où bourdonne l’azur ; 12
5 Et toi, maison brûlante, Espace, cher Espace 12
Tranquille, où l’arbre fume et perd quelques oiseaux, 12
Où crève infiniment la rumeur de la masse 12
De la mer, de la marche et des troupes des eaux, 12
Tonnes d’odeurs, grands ronds par les races heureuses 12
10 Sur le golfe qui mange et qui monte au soleil, 12
Nids purs, écluses d’herbe, ombres des vagues creuses, 12
Bercez l’enfant ravie en un poreux sommeil ! 12
Dont les jambes (mais l’une est fraîche et se dénoue 12
De la plus rose), les épaules, le sein dur, 12
15 Le bras qui se mélange à l’écumeuse joue 12
Brillent abandonnés autour du vase obscur 12
Où filtrent les grands bruits pleins de bêtes puisées 12
Dans les cages de feuille et les mailles de mer 12
Par les moulins marins et les huttes rosées 12
20 Du jour… Toute la peau dore les treilles d’air. 12
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