Métrique en Ligne
TRA_1/TRA63
Gabriel TRARIEUX
CONFITEOR
1891
LES VESTALES
STOÏCISME
« Orgueil ! Cuirasse d'or ! Casque d'airain poli !»
(ED. JARAUCOURT.)
A M. ANDRÉ HEURTEAU.
Je sais que je suis vil, impur, immonde et lâche, 12
Mais l'homme est tout-puissant quand il veut sans relâche. 12
Comme un bon ouvrier de l'argile vainqueur, 12
Je connaîtrai l'orgueil d'avoir sculpté mon cœur ! 12
5 Toute Âme est une obscure et fruste pierrerie : 12
Et, pour en arracher la dernière scorie, 12
Pour en faire un joyau clair, aux feux éclatants, 12
D'une main lente il faut la polir très longtemps…. 12
Mais quoi ? L'Arbre des bois d'où jaillit la fleur blanche 12
10 Longtemps aussi travaille, et, pour nourrir la branche, 12
Peine, à tirer du sol les sucs féconds et doux. 12
Comme l'Arbre des bois, il est juste que nous, 12
Nous, les plus nobles fils de la Sainte Nature, 12
Nous gagnions, fût-ce au prix d'une intime torture, 12
15 Le droit de procréer ce beau fruit : La Vertu. 12
O Monde ! Grand Cosmos de lumière vêtu, 12
Preux lutteur de la lutte âpre et démesurée, 12
Je veux, m'associant à ton ouvre sacrée, 12
Si désespérément combattre pour le bien 12
20 Que je sois digne un jour d'être ton Citoyen ! 12
Car ta chair est ma chair, Monde ! Je suis ta chose, 12
Je vis par Toi ! Je sais que du Tout grandiose 12
Rien ne m'est étranger, pas même l'ignoré, 12
Pas même l'herbe folle éclose dans un pré, 12
25 Pas même le frisson des lointaines étoiles, 12
Si lointaines, que l'ail n'en perce pas les voiles… 12
Et je sais qu'un mystère adorable m'unit 12
Aux palpitations de l'immense infini ! 12
O Monde ! qui répands la Vie aux mille formes 12
30 Dans l'inconnu profond des espaces énormes, 12
Je m'en vais où tu vas ; je veux ce que tu veux ; 12
Nourris. moi ! Grandis-moi ! Dicte-moi tous mes vœux ! 12
Embrasant mon esprit de ta subtile flamme, 12
Prête ton harmonie immuable à mon Âme, 12
35 Pour que je sois semblable aux Sages radieux 12
Devenus par l'Effort plus divins que les dieux ! 12
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