Métrique en Ligne
TRA_1/TRA52
Gabriel TRARIEUX
CONFITEOR
1891
LES VESTALES
DAMNÉ
A M. EMMANUEL DÉBORDE.
Dans l'air calme baignant la splendeur de ses pierres, 12
Semblable, par l'élan de ses lignes altières, 12
Aux temples de granit qu'on bâtit pour les Dieux, 12
Un palais se dressait, colosse radieux, 12
5 Que le Soleil levant revêtait d'une gloire. 12
Et, dans l'arc triomphal de ses portes d'ivoire, 12
Dans le rythme hardi de ses piliers d'airain, 12
L'orgueil était écrit de l'Homme souverain 12
Qui, sans qu'un vain désir pût le mordre aux entrailles, 12
10 Dormait, sous le couvert des puissantes murailles. 12
Dans la rue, à deux pas du palais, sur un banc, 12
S'étalaient le rictus et le geste tombant 12
D'un mendiant, gueux crevé là, la nuit dernière. 12
La Mort silencieuse éteignant sa paupière 12
15 Avait clos pour jamais, dans son cil convulsé, 12
Le mystère d'effroi de son obscur passé… 12
On eût dit que la ville entière était déserte ; 12
Les chiens même avaient fui le long cadavre inerte. 12
Quelle haine du Sort suivait donc ce forçat 12
20 Pour que sa mort inconsolable se dressât, 12
Sans que la Charité douce de mains amies 12
Vînt pour fermer au moins ses paupières blêmies 12
Et laver sur son front la souillure du sang ?… 12
Est-ce que le Malheur expie, ô Dieu puissant ? 12
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