Métrique en Ligne
TRA_1/TRA44
Gabriel TRARIEUX
CONFITEOR
1891
LA RITOURNELLE DES AMOUREUX
A L'ABSENTE
T'aimé-je plus encor loin de toi, douce Absente ?… 12
Non, peut-être ; mais mieux. Il semble que je sente 12
Alors, et seulement alors, combien ta chair 12
Tient à mon cœur, combien ton cher regard m'est cher… 12
5 A tes genoux, vois-tu, je ne suis plus moi-même : 12
L'ivresse de ton corps, cette ivresse suprême, 12
Mêle si bien mon âme anxieuse à mes sens 12
Que, sous l'oppresion de tes deux yeux puissants, 12
Je ferme entre tes mains ma paupière lassée 12
10 Et reste anéanti, sans force, sans pensée, 12
Souffrant d'un trouble amer, enivrant et fatal. 12
Car ta grâce est terrible, Amie ; elle fait mal… 12
Mais loin de toi, mais seul avec ta pure image 12
Qu'évoque l'éternel Souvenir, ‒ ce grand Mage, 12
15 Mais seul et loin de toi, sans en être accablé, 12
Je peux rêver d'amour en un calme introublé. 12
Ta forme, au flamboîment subtil de la Mémoire, 12
Se dégage, lointaine, et claire d'une gloire 12
Immaculée, avec l'ample sérénité 12
20 Dont le songe immobile embellit la Beauté ; 12
Et je t'adore alors d'une idéale extase, 12
D'une extase limpide, ainsi qu'une eau sans vase… 12
Puis, le regret me poinct du sommeil en tes bras : 12
Tu reviendras bientôt, Mignonne, n'est-ce pas ? 12
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