Métrique en Ligne
TRA_1/TRA38
Gabriel TRARIEUX
CONFITEOR
1891
LA RITOURNELLE DES AMOUREUX
VOILES PERDUES
Quand nous errions tous deux, caressés par les brises, 12
Sur les sables semés d'herbes fines et grises, 12
Souvent, comme accablés, devant l'infini clair, 12
Nous restions, sans mot dire, à contempler la mer. 12
5 Nous restions là, muets, pleins de pensers trop vagues 12
Et trop subtils aussi pour les parler… les vagues, 12
Au loin, chantaient leur chant anxieux et si doux ; 12
Et le soleil brillait, en nous comme sur nous. 12
Alors, au fond brumeux des pâles étendues, 12
10 Nous aimions voir surgir d'humbles voiles perdues, 12
Blanches sur la blancheur un peu rose des cieux. 12
Elles naissaient à peine, et passaient, mais nos yeux 12
Les saisissaient au vol, sitôt paraissaient-elles, 12
Amusés par l'essor frémissant de ces ailes 12
15 Pareilles à l'essaim des désirs palpitants 12
Qu'à l'horizon des cœurs on voit poindre au Printemps. 12
Depuis, le vol changeant et vif des heures brèves 12
A fui ; les jours ont fui, ‒ les jours, avec nos rêves.. 12
Pour les revoir, je suis vainement revenu, 12
20 Les Voiles qui passaient au bord de l'inconnu !… 12
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