CONFITEOR |
CONFITEOR |
« Licht ! Mehr Licht !… »
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(GŒTHE.)
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J'ai dit à Dieu : « Mon Dieu ! je me confesse à Toi. |
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« Devant ton équité, plein de honte et d'effroi, |
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« J'ai résolu, Seigneur, de répandre mon âme, |
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« Car, je le reconnais, je ne suis qu'un infâme : |
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« Je suis l’Amant malade et vaincu de la Chair ; |
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« Toute grâce me dompte, et tout rayon m'est cher ; |
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« L'enchantement des sons et des formes me lie |
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« De liens si nombreux et si forts, que j'oublie |
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« Tout, et parfois Toi-même, ô Dieu ! pour la beauté ! |
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« La nuit dans sa douceur, le jour dans sa clarté, |
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« Le ciel, cette candeur, la mer, cette agonie, |
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« J'aime tout de la Vie éclatante, infinie !… |
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« Et cependant, un trouble en mon âme grandit. |
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« J'ai crié vers tes Saints, mais tes Saints m'ont maudit, |
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« Et m'ont répondu tous : « Arrière, Âme damnée ! » |
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« Sans doute je n'ai pas compris ma destinée, |
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« Puisqu'ignorant le crime et la haine ici-bas |
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« Je suis triste à mourir, – oh ! si triste, et si las ! |
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« Mais en vain j'ai voulu changer mon être, et suivre |
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« L'inexorable loi de ceux qui savent vivre : |
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« Toujours dans ma poitrine a cru l'amour du Beau, |
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« Comme une fleur qui fend le granit d’un tombeau ! |
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« Elle existe pourtant, l'extase haute et pure |
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« Dont l'invincible faim poursuit ta créature ! |
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« Des Hommes l'ont connue, un jour, et ce bonheur, |
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« Ce lot suprême, il est mon droit, comme le leur !… |
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« Mais seul, et lâche ainsi, je n'y saurais atteindre : |
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« Daigne donc, ô mon Dieu, me secourir, et ceindre |
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« Mes reins de ta sagesse et de ta volonté, |
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« Pour que je goûte enfin le Pain de volupté ! » |
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Et Dieu m'a dit : « Mon fils, le chant de tes paroles |
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« M'est agréable et doux, mais tes craintes sont folles, |
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« Car les chemins sont bons où tes pieds ont marché. |
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« C'est Moi que ton désir ignorant a cherché |
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« Dans la gaîté des airs, dans le charme des roses |
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« Et le rayonnement ineffable des choses. |
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« Dans les égarements mêmes de ton émoi |
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« Tu me cherchais encore, et tu suivais ma loi. |
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« Car la splendeur du Monde et la gloire des Formes, |
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« C'est Moi ! C'est Moi qui suis le murmure des ormes, |
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« Et la tiédeur des vents, et la fraîcheur des prés ; |
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« Je suis le flamboîment des couchants empourprés, |
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« Et l'aurore et la nuit, ces deux sœurs éternelles, |
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« Sont la joie et le deuil de mes larges prunelles ! |
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« Je suis la voix confuse et poignante des flots. |
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« Le calme des déserts sans bornes, les sanglots |
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« Des Hivers, dans l'horreur raidis, les épouvantes |
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« Des ouragans hurleurs dans les forêts vivantes, |
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« C'est Moi !… La foudre et l'Arc-en-ciel, c'est toujours Moi ! |
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« Et je suis la douceur, comme je suis l'effroi : |
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« Je suis l'éclair humide et vif des lèvres roses, |
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« La caresse des yeux, et la langueur des poses, |
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« Et la blancheur sereine et câline des mains… |
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« Le silence des Morts, les délires humains, |
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« Tout ce qui germe, brille et s'efface, sans trêve, |
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« Les couleurs, les parfums, les saveurs sont mon rêve : |
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« En lui tout naît et meurt, tout fermente à la fois… |
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« L'Univers musical et vibrant est ma voix !… |
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« – Sans plus t'inquiéter du bruit vain des lois vaines |
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« Dont la houle assourdit les cervelles humaines, |
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« Rends l'ivresse à tes yeux, le calme à ton esprit, |
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« O mon Fils ! et va boire au fleuve qui nourrit ! |
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« Retourne, humble et pensif, vers la grande Nature : |
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« Tu sentiras bientôt s'y guérir ta torture, |
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« Et n'en garderas plus que le fécond levain |
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« Par qui l'homme s'efforce à se rendre divin, |
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« Jusqu'au jour où, dans mon infinie allégresse, |
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« Désormais sans limite, et par là sans tristesse, |
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« Tu connaîtras la paix que réclame ton vœu. » |
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Et depuis ce temps-là je m'en vais, louant Dieu. |
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