Métrique en Ligne
THL_1/THL7
Raymond de la TAILHÈDE
LES POÉSIES
Édition définitive
1887-1926
LES ODES
LE DEUXIÈME LIVRE DES ODES
(1895-1918)
ODE II
A JEAN MORÉAS
Hymnes qui commandez à la Lyre, et toi , Lyre, 12
Est-ce un homme, un héros, ou bien des Dieux celui 12
Dont la main fait chanter les cordes, qu'aujourd'hui 12
Je vais dire ? 3
5 Armé de la vertu des Muses, c'est un Dieu ! 12
Certes, il est un Dieu, car l'essence divine 12
Rayonne sur sa tête et luit dans sa poitrine 12
Comme un feu ! 3
Entre tous, celui-là, je le célèbre encore, 12
10 Qui de la gloire humaine a choisi le meilleur, 12
Et qui satisfaisant à sa propre valeur, 12
Se sait victorieux et soi-même s'honore. 12
L'Envie à présent tombe et son bras est lassé 12
D'arracher vainement tes lauriers et tes roses ; 12
15 Et quoique par le Temps, père de toutes choses, 12
Rien de bien ou de mal ne puisse être effacé, 12
D'abord que, cependant, le sort est favorable, 12
L'oubli couvre l'injure et la dompte à jamais ; 12
Et c'est la volonté des Dieux où tu te plais 12
20 Qui l'a fait, Moréas, t'asseyant à leur table. 12
Ainsi virent le cours de leur destin changer 12
Les filles de Cadmus, allant après leur âge 12
De la peine au bonheur, comme on laisse un rivage 12
Étranger. 3
25 Elles avaient souffert et savaient s'y résoudre : 12
Ino s'apaise aux flots du profond Océan, 12
Et Sémèlé prend place au séjour bienfaisant 12
De la foudre. 3
Ensemble la douleur et la félicité 12
30 Passent sur le soleil d'une même journée ! 12
Et ne tremblons-nous pas, à chaque heure sonnée, 12
De voir pour nous le doigt des Parques arrêté ? 12
Ici qui fut premier est le premier là-bas, 12
Des poètes menant l'impérissable troupe ; 12
35 Leur soif n'a point souci que s'épuise la coupe, 12
Et d'un or fleurissant ils enlacent leurs bras. 12
Là sont assis Gadmus et Pelée, et encore 12
Achille que sa mère y conduisit, Thétys, 12
Achille redoutable à l'Éthiopien, fils 12
40 De l'Aurore. 3
De traits nombreux j'ai chargé mon carquois, 10
Lancés au loin d'un arc prompt à se tendre, 10
Et dont le vol a, pour qui sait entendre, 10
Une voix. 3
45 Le sage sans efforts connaît tout par nature, 12
Mais ceux qu'une pénible étude a faits savants, 12
Sont tels que des corbeaux qui veulent, s'élevants, 12
De l'aigle olympien emprunter la figure. 12
Arc, de nouveau, courbe ton bois sonnant ; 10
50 Tire un éclat des flèches que j'apprête ; 10
Qui te verra briller ? vers quelle tête, 10
Maintenant ? 3
Rapide au double but, va, frappe, et glorifie 12
Athènes et Paris, les cités de Pallas, 12
55 Attestant leur honneur au nom de Moréas, 12
L'une pour sa naissance et l'autre pour sa vie. 12
Un homme généreux a des rivaux jaloux : 12
Et lui , d'outrages vils l'obscurité l'accable ; 12
Mais qui pourrait des mers énumérer le sable, 12
60 Dirait seul quelle joie il a versée en nous ! 12
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