Métrique en Ligne
THL_1/THL52
Raymond de la TAILHÈDE
LES POÉSIES
Édition définitive
1887-1926
FRAGMENTS ET POÈMES INACHEVÉS
IV
PROMÉTHÉE
POÈME
CHŒUR DES OCÉANIDES
A MADEMOISELLE DE KERMORVAN
A peine l'arc doré se courbe 8
Aux mains rapides d'Apollon, 8
A peine est tracé le sillon 8
Qui de la plus obscure tourbe 8
5 Va tirer cet éclat vermeil 8
Dont se colore le réveil 8
Des eaux, des prés, des bois, des villes, 8
A peine as-tu fait, ô Soleil, 8
La mer brillante de ses îles, 8
10 Que sur les cimes nous venons, 8
Anxieuses de ton image, 8
Nous, de qui le sceptre en partage 8
A l'empire des flots sans noms, 8
Filles de l'Océan, du père 8
15 Nourricier de toute la terre, 8
Gardien prudent de tels secrets 8
Qu'il n'en ouvre encor le mystère 8
Qu'aux voix nocturnes des forêts. 8
Mais tandis qu'au repos il cède, 8
20 Sur ses lèvres volent souvent 8
Quelques mots dans le fil du vent 8
Oui vont se perdre sans remède, 8
Et parfois nous l'avons surpris, 8
Au fond reculé d'un pourpris, 8
25 Attentives à ces merveilles : 8
Rien de grand reste-t-il au prix 8
De ce qu'entendaient nos oreilles ? 8
Nous allons au-devant du jour… 8
Si les choses longtemps celées 8
30 Doivent bien être révélées, 8
Elles renferment tant d'amour, 8
De tant de rayons enflammées, 8
Qu'auprès d'elles ce sont fumées 8
L'éther et l'azur irréel : 8
35 Seul Phébus a les mains armées 8
De la claire splendeur du ciel. 8
Des quatre chevaux la crinière 8
Déployée au vaste horizon 8
Semble flotter sur Phaéthon 8
40 Tant il en jaillit de lumière ! 8
Se trouve-t-il donc aujourd'hui 8
Quelqu'un qui, plus hardi que lui, 8
Refrénant leurs dents indomptées, 8
Vers des régions les conduit 8
45 Que jamais ils n'avaient tentées, 8
Qui, d'un pas jadis inégal, 8
A soumis au Nombre leur course, 8
Et qui les abreuve à la source 8
De l'autre aérien cheval, 8
50 Et, luisants des ondes du Phase, 8
Leur donne à fouler le Caucase 8
Dont les glaces, à leurs sabots, 8
Sous la corne qui les embrase, 8
Brûlent comme autant de flambeaux ? 8
55 Tel, parfois, le soir illumine 8
La crête des monts orageux, 8
Et l'on voit répondre à ces feux 8
Une torche sur la colline : 8
L'éblouissement d'un bûcher 8
60 Étincelle à chaque rocher, 8
Astres arrachés de la nue, 8
Qui dans les rêves du nocher 8
Plongent leur lueur inconnue… 8
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