Métrique en Ligne
THL_1/THL37
Raymond de la TAILHÈDE
LES POÉSIES
Édition définitive
1887-1926
DEUXIÈME ODE TRIOMPHALE
(1926)
Muse, dont la pensée est la lumière même, 12
Brûle-moi de ces feux 6
D'où naissent à la fois la beauté d'un poème 12
Et la splendeur des cieux. 6
5 Que ces vers aujourd'hui, Muse, que tu m'inspires, 12
Passent les autres vers, 6
Comme fait s'amollir le bruit des grandes lyres 12
Le tonnant Univers ! 6
Je ne formerai pas une entreprise vaine, 12
10 Pour un faux idéal, 6
Si je te chante, fleur de la raison humaine, 12
Amour du sol natal, 6
Et si je sais unir aux pampres de ta vigne 12
Les verts lauriers vivants, 6
15 En Camille Delthil honorant le plus digne, 12
Moissac, de tes enfants ! 6
Lui, dont la lèvre encore à nos oreilles tremble, 12
Que nous enseignait-il 6
Lorsque, par les coteaux, nous promenions ensemble, 12
20 Les soirs du jeune avril, 6
Lorsque du Brésidou jusques à Landerose, 12
Au seuil de sa maison, 6
La nuit faisait surgir un ciel d'apothéose 12
De l'immense horizon ? 6
25 Il disait le limon de cette plaine vaste, 12
Prodigue en lourds épis, 6
Fertile et chaude autant que les champs de Bubaste, 12
Près du Nil assoupis. 6
Royale sous la pourpre aux vendanges d'octobre, 12
30 Il nous disait aussi 6
Ton glorieux labeur et ta vie âpre et sobre, 12
Race du vieux Quercy. 6
La fin du jour errait dans les floraisons neuves, 12
Et l'on voyait encor 6
35 Un fluide métal à la pointe des fleuves 12
Darder sa flèche d'or. 6
L'odeur que respira de colline en colline 12
L'espace aérien, 6
Et qui fait tressaillir d'émotion divine 12
40 Un cœur virgilien, 6
Le rappel musical des voix au loin perdues, 12
Et l'ombre sur nos yeux, 6
Tout te sollicitait, Maître des étendues. 12
Silence harmonieux ! 6
45 « Les dieux ne valent pas, certes, ce que nous sommes, 12
Alors nous disait-il, 6
« Cette terre est sacrée : elle produit des hommes ! » 12
Toi, Camille Delthil ! 6
Toi, Camille Delthil, flamme non consumée, 12
50 Dressée au plein azur, 6
L ornement et l'honneur de cette terre aimée, 12
Poète, homme, esprit pur ! 6
Homme trois fois humain ! qu'une triple couronne 12
Illumine son front, 6
55 Que la foule accourue au retour de l'automne, 12
Que tous ceux qui viendront 6
Le célèbrent ; et moi, sur ces cordes dociles, 12
Et j'en ai la fierté, 6
Pour n'avoir pas jugé les Muses inutiles, 12
60 Humble dans ta beauté, 6
Moissac, je te salue entre toutes les villes ! 12
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