LES SONNETS |
(1893-1910) |
IX |
|
Comme un séjour de nuit, habitacle de l'ombre, |
12 |
|
Il me semble que j'erre en un Hadès brumeux, |
12 |
|
Et qu'il n'existe pas de vivants, hormis ceux |
12 |
|
Qu'anime mon regard, que mon esprit dénombre. |
12 |
|
5 |
Fils de la Terre et non bâtard obscur comme eux, |
12 |
|
En ma lyre je porte et le Rythme et le Nombre. |
12 |
|
Leur joie, au prix de moi, pleure tant elle est sombre, |
12 |
|
Leur plus noire douleur est rire dans mes yeux. |
12 |
|
|
Non ! nous ne sommes pas, mortels, de même race : |
12 |
10 |
Jupiter vous soumet, plutôt il vous fait grâce ; |
12 |
|
A nous l'Etna , la foudre et les feux infernaux. |
12 |
|
|
L'effroi charge vos fronts de ténèbres humaines ; |
12 |
|
Mais, que tonne le ciel, nous lui forgeons des chaînes : |
12 |
|
Pélion et l'Ossa n'en sont que les anneaux. |
12 |
|