Métrique en Ligne
SSA_1/SSA30
Camille SAINT-SAËNS
RIMES FAMILIÈRES
1890
POÉSIES DIVERSES
MORS
Pourquoi craindre la mort ? pourquoi s’effrayer d’elle ? 12
La mort est chose naturelle : 8
Naître, vivre et mourir, c’est tout l’homme en trois mots. 12
Comme aux flots succèdent les flots, 8
5 Comme un clou chasse l’autre, un homme prend la place 12
De celui qui vivait hier, et qui n’est plus ; 12
On s’en va sans laisser de trace. 8
C’est la loi. Les derniers venus 8
Reprennent le fardeau qui tombe de l’épaule 12
10 Des anciens fatigués par le rude chemin 12
Qui va de l’un à l’autre pôle. 8
Ils ont marché longtemps ; le repos vient enfin. 12
On devrait le bénir, et comme une caresse 12
Accueillir le baiser de l’obscure déesse. 12
15 Ah ! dit l’homme, autrefois, quand on avait l’espoir 12
D’un bonheur éternel, en s’endormant au soir 12
De la vie, on croyait que sous la froide pierre 12
S’ouvrait un gouffre de lumière ; 8
La mort était alors un bien. 8
20 Mais quoi ! songer, en mon destin morose, 10
Qu’après avoir vécu je ne serai plus rien… 12
— Crois-tu donc être quelque chose ? 8
logo du CRISCO logo de l'université