Métrique en Ligne
SSA_1/SSA3
Camille SAINT-SAËNS
RIMES FAMILIÈRES
1890
STROPHES
MEA CULPA
Meâ culpâ ! je m’accuse 7
De n’être point décadent. 7
Dans les fruits trop verts, ma Muse 7
N’ose pas mettre la dent. 7
5 Les gambades périlleuses 7
Ne sont pas de mon ressort : 7
Ces gaîtés sont dangereuses 7
Pour qui n’est pas assez fort. 7
La témérité m’enchante 7
10 Chez les jeunes imprudents ; 7
Mais tranquillement je chante, 7
Laissant passer les ardents. 7
Ils vont, rompant tous les câbles, 7
Franchissant tous les fossés, 7
15 Truffant d’étranges vocables 7
Les hémistiches cassés, 7
Et composent des salades 7
De couleurs avec des sons, 7
À faire tomber malades 7
20 Les strophes et les chansons. 7
Du diable si je m’y frotte ! 7
Tout ça n’est pas pour mon nez ; 7
On m’enverrait à la hotte 7
Avec les journaux mort-nés. 7
25 Je deviendrais vite aphone, 7
Si j’allais en étourdi 7
M’égosiller comme un Faune 7
Fêtant son après-midi. 7
Laissons tous ces jeux d’adresse 7
30 À l’érudit, au savant. 7
Ce qui siérait à l’Altesse 7
Ne vaut rien pour le manant. 7
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