Métrique en Ligne
SSA_1/SSA17
Camille SAINT-SAËNS
RIMES FAMILIÈRES
1890
STROPHES
SÆVA MATER AMORUM
À Madame***
Tu m’as persécuté toujours dans ta colère ; 12
Tu n’as pas pardonné, 6
Ô Vénus ! qu’au grand art, à l’étude sévère 12
Mon cœur se fût donné ; 6
5 Et tu m’as mis au flanc la chimère éternelle 12
De l’Idéal rêvé : 6
L’amour pur comme l’eau des lacs, profond comme elle, 12
Que je n’ai pas trouvé. 6
Qui sait ? pour vivre heureux dans les bras de la femme 12
10 Et protégé par toi, 6
Fille des flots amers ! peut-être au fond de l’âme 12
Faut-il avoir la foi, 6
Ne pas chercher un cœur pareil au sien, qui batte 12
Toujours à l’unisson, 6
15 Se contenter de la poupée, et quand on gratte 12
Rire en voyant le son : 6
Croire quand même, alors que l’effronté mensonge 12
Vient nous crever les yeux, 6
Prendre pour vérité ce qui n’est qu’un vain songe 12
20 Et l’enfer pour les cieux ; 6
Oublier tout, ne voir que la femme en ce monde, 12
Se coucher sur le seuil 6
Et sous un pied vainqueur jusqu’en la boue immonde 12
Abattre son orgueil. 6
25 L’homme, ô Vénus ! peut-il dans ton culte perfide 12
Trouver le vrai bonheur, 6
S’il doit sacrifier sur ton autel avide 12
Ce qui fait sa grandeur ? 6
Qu’il soit maudit, l’autel dont la flamme dévore 12
30 Et la science et l’art, 6
Qui bannit la pensée et du cœur qui l’adore 12
Veut le sang pour sa part ! 6
Déesse sans pitié, charmerais-tu le monde 12
Pour le déshériter ? 6
35 Mère de la beauté, tu dois être féconde 12
Ou ne pas exister. 6
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