Métrique en Ligne
SSA_1/SSA16
Camille SAINT-SAËNS
RIMES FAMILIÈRES
1890
STROPHES
LES HEURES
Toutes nous blessent, la dernière 8
Nous tue, ayant enfin pitié 8
Quand elle achève sans colère 8
L’œuvre faite plus d’à moitié. 8
5 Les autres, même la plus douce, 8
Hélas ! nous usent lentement, 8
Et chacune d’elle nous pousse 8
Vers le funèbre monument. 8
Funèbre ? non. Quelle caresse 8
10 Vaut le sommeil sans lendemain ? 8
Vienne l’heure, pâle maîtresse 8
Qu’on espère jamais en vain ! 8
Elle viendra, consolatrice, 8
Tarir la source des remords : 8
15 Nulle passion tentatrice 8
Ne trouble le repos des morts. 8
Ces heures, pleines d’espérance, 8
De terreur ou de volupté, 8
Ne sont pourtant qu’une apparence, 8
20 Un rêve sans réalité. 8
Le temps, l’espace : vain mirage, 8
Mots creux auxquels rien ne répond ; 8
Bruit de la vague sur la plage, 8
Du caillou dans le puits profond ! 8
25 Avec le mètre et l’heure, infime, 8
L’homme prétend jauger les mers 8
Dont l’infini creuse l’abîme, 8
Qui pour flots ont des univers ! 8
Sonnez, sonnez, Heures futiles, 8
30 Mensonge par l’homme inventé ! 8
Résonnez ! vos sons inutiles 8
Se perdent dans l’éternité. 8
logo du CRISCO logo de l'université