Métrique en Ligne
SOU_1/SOU5
corpus Pamela Puntel
Joséphin SOULARY
PENDANT L’INVASION
1871
JOLI MOIS DE MAI
Et nous, ayant mémoire
De sa fameuse gloire,
Lui ferons comme à Pan
Honneur chaque an.
(Ronsard).
A toi, modèle des amants 8
Allemands, 3
Bon roi Guillaume, je dédie, 8
Sur un rhythme alerte et mignard 8
5 De Ronsard, 3
Cette villanelle étourdie. 8
Les héros, de sujets riants 8
Sont friands, 3
Le génie aime l’antithèse ; 8
10 Par le monde il en a couru 8
De ton crû 3
Dont l’enfer a dû pâmer d’aise. 8
Voici venir le mois vermeil ; 8
Le soleil 3
15 Du printemps sonne la fanfare ; 8
Sonnez la diane, clairons 8
Fanfarons ! 3
Maïus est fou de tintamarre. 8
Mais l’âge affranchit tes loisirs 8
20 Des désirs 3
Qui troublent la jeunesse folle ; 8
Comme Horace, il te sied, rêvant 8
Et buvant, 3
De cueillir l’heure qui s'envole. 8
25 Ce bois t’offre un retrait choisi ; 8
Cherches-y 3
Quelque place où ton luth s’accorde. 8
Que de gens Treskow le bandit 8
Y pendit ! 3
30 Entre ! Il n’y pend plus que la corde. 8
Chante Io, Pan ! mais bois d’abord 8
A plein bord ; 3
Le vin porte aux métamorphoses. 8
Vois ! l’Amour a passé son arc 8
35 A Bismarck , 3
Et de Moltke effeuille des roses. 8
Cet arc a l’air d’un traquenard 8
A renard ; 3
Quelque engin de ruses cachées ! 8
40 Ces roses sont couleur de sang 8
Jaillissant ; 3
On dirait des têtes fauchées ! 8
Ton vin même a-t-il bien le goût 8
Du bon moût ? 3
45 La magie est si scélérate ! 8
Bois toujours ; qu'importe au buveur 8
La saveur, 3
Si la liqueur est écarlate ? 8
Te voilà gris. C’est justement 8
50 Le moment 3
Où le cœur à l’aise respire ; 8
Chante-nous quelqu’un de ces chants 8
Si touchants 3
Que l’aimable ivresse t’inspire. 8
55 « Connaissez-vous Faust l'enchanteur ? 8
« Un docteur 3
« En rima l’histoire incroyable. 8
« Or, sachez tous qu’un jour d'ennui , 8
« Comme lui 3
60 « J’ai vendu mon âme au grand Diable. 8
« Admirez ! je n’ai qu’à vouloir, 8
« Tout est noir 3
« Dans la campagne étincelante ; 8
« Je fais du site le plus vert ' 8
65 « Un désert 3
« Traversé d'une ombre dolente. 8
« Au souffle des zéphirs , porteurs 8
« De senteurs, 3
« Pâme-toi, vivante nature ! 8
70 « J’ai trempé l’aile des légers 8
« Messagers 3
« Dans un parfum de sépulture ! 8
« Le pinson boude ; le linot 8
« Ne dit mot ; 3
75 « Sait-on la cause de leurs peines ? 8
« Demandez au corbeau, traînard 8
« En retard, 3
« Ce qu’il cherche encor sur ces plaines ! 8
« Des hameaux où le coq chantait, 8
80 « Où flottait 3
« La fumée en claires bruines, 8
« Où sont les gaîtés et les voix 8
« D’autrefois ? 3
« Cherchez au fond de ces ruines ! 8
85 « Moutons bêlants, pâtres gentils, 8
« Où sont-ils ? 3
« Demandez à l’oiseau qui passe 8
« Ce qui pendait aux crins d’acier 8
« Du coursier 3
90 « Dont le pied dévorait l'espace ! 8
« La glèbe n'est plus qu’un filon 8
« Fer et plomb ; 3
« Le soc sur des boulets s’émousse ; 8
« On cueille, en guise de bouquets , 8
95 « Des mousquets ; 3
« Des casques brillent dans la mousse. 8
« Des verdures aux tons tranchants 8
« Sur les champs 3
« Dessinent d'ondoyants squelettes, 8
100 « Et des crânes mal enterrés 8
« Dans les prés 3
« Sortant les pâles violettes ! 8
« S’ils se levaient, les morts chéris 8
« Qu’ont meurtris 3
105 « Le feu, la mitraille et le sabre, 8
« De la terre ils feraient le tour 8
« Tout un jour 3
« Sans finir leur ronde macabre. 8
« Paraissez, Eucharis, Chloé, 8
110 « Pholoé, 3
« Fraîches nymphes de ces prairies ! 8
« Chacune, arborant sa couleur, 8
« Joue en fleur, 3
« Menez vos belles théories. 8
115 « De ces seuils désolés, vrais trous 8
« De hiboux, 3
« Voyez-les sortir, le front blême, 8
« Tordant leur sein martyrisé 8
« Qu’a brisé 3
120 « L'effort d’une lutte suprême ! 8
« Vos mères n’ouvrent plus les yeux 8
« Sur vos jeux : 3
« Bien dos est ce qu’a clos le glaive ! 8
« Cherchez, mignonnes, les regards 8
125 « Des beaux gars 3
« Vers qui s'envolait votre rêve. 8
« Voyez-vous se traîner là-bas, 8
« Pas à pas, 3
« Portant écharpes et béquilles, 8
130 « Tyrcis manchot, Daphnis boiteux, 8
« Tout honteux ? 3
« Voilà vos promis, jeunes filles ! 8
« Mariez-vous, j’ai fait vos dots : 8
« Quels beaux lots ! 3
135 « La guerre vous promet la peste ; 8
« J ’ai tout saccagé, tout pillé, 8
« Tout souillé ; 3
« La famine fera le reste ! 8
« Il vous naîtra des fils craintifs 8
140 « Et chérifs ; 3
« Si vous avez bonne mémoire, 8
« Vous leur ferez bénir mon nom ; 8
« Pourquoi non ? 3
« Je suis bon prince et j’aime à boire. » 8
145 Ainsi tu chantais, roi badin 8
Quand soudain 3
Tombe et se brise ton amphore. 8
Quel vin maudit sort de ses flancs ! 8
Dans mille ans 3
150 La tache en sera rouge encore ! 8
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