Métrique en Ligne
SIL_5/SIL186
Armand SILVESTRE
LE PAYS DES ROSES
1880-1882
VERS POUR ÊTRE CHANTÉS
LA NOCTUELLE
A VICTOR CAPOUL.
On l'appelait la noctuelle pour
ce qu'elle errait, chaque nuyct,
blanche et eschevellée.
(Vieux conte toulousain.)
AU blanc soleil de minuit 7
Qui semait d'argent la grève 7
Elle allait, pâle et sans bruit. 7
Le front perdu dans un rêve. 7
5 Des genêts d'or s'effeuillaient 7
Et les vers luisants brillaient 7
Sur sa route habituelle. 7
L'onde claire des étangs 7
Baisait ses cheveux flottants. 7
10 — On l'appelait la noctuelle. 7
Où vas-tu, sauvage enfant, 7
Par ces routes ignorées ? 7
— Je vais où souffle le vent 7
Des amours désespérées. 7
15 Car, apprends-le, je t'aimais ! 7
Je ne te l'ai dit jamais, 7
Ma peine était trop cruelle ! 7
Mais puisque tu pars demain, 7
Ami, Donne-Moi Ta Main. 7
20 — Adieu donc pauvre noctuelle ! 7
Je revins longtemps après, 7
Las du monde où l'on oublie 7
Sûr que je la reverrai 7
Plus aimante et plus jolie. 7
25 L'âme des anges s'enfuit 7
Vers les cieux profonds où luit 7
Une aube perpétuelle. 7
La nuit, la mer et les bois 7
M'ont dit, pleurant à la fois : 7
30 — Elle est morte la noctuelle ! 7
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