Métrique en Ligne
SIL_5/SIL118
Armand SILVESTRE
LE PAYS DES ROSES
1880-1882
Je sais, du profond de mon être, 8
Un coin plein d'immortelles fleurs, 8
Oasis où nul ne pénètre 8
Que le soleil et l'aube en pleurs. 8
5 Je sais un jardin plein de roses 8
Au cœur comme le mien ouvert, 8
Et qui, dans les hivers moroses, 8
Gardent un printemps toujours vert. 8
Elles sont rouges, et leur sève 8
10 Est comme un sang au mien pareil ; 8
Leur parfum flotte avec mon rêve 8
Dessus leur calice vermeil. 8
Sœurs vivantes de mes pensées, 8
Je les retrouve en moi toujours, 8
15 Toujours tremblantes et blessée 8
Au souffle amer de mes amours. 8
Alentour de leur tige frêle 8
Mes chansons viennent se poser 8
Et les font vibrer sous leur aile 8
20 Avec un bruit lent de baisers. 8
Que leur douceur me soit ravie, 8
Et je meurs désespérément. 8
Seule, leur ombre sur ma vie 8
A penché quelque enchantement. 8
25 Mon cœur saigne quand on les cueille, 8
— Saisi d'un caprice pervers, 8
C'est pour toi que je les effeuille 8
O toi pour qui j'écris ces vers ! 8
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