Métrique en Ligne
SIL_4/SIL115
Armand SILVESTRE
FANTAISIES CÉLESTES
LE PARNASSE CONTEMPORAIN III
1876
IV
La Danse
Triste de quelque amour perdu, 8
Rêvant aux délices passées, 8
J'étais sur la terre étendu 8
Parmi les bruyères froissées. 8
5 L'ombre, en vibrant, montait dans l'air, 8
Des arbres profonds vers la nue, 8
Et la lune, au bord du ciel clair, 8
Découvrait son épaule nue. 8
Comme s'accroissait mon émoi 8
10 De l'émoi fraternel des choses, 8
Un rossignol, tout près de moi, 8
Chante dans un buisson de roses, 8
Et, comme en un divin réseau, 8
L'âme prise par la cadence, 8
15 Je vis, aux chansons de l'oiseau, 8
Les étoiles entrer en danse. 8
Leur pas grave semblait celui 8
D'un chœur antique qui s'éveille ; 8
Ainsi la trace en avait lui 8
20 Et la grâce en était pareille. 8
Mais, précipitant ses sanglots, 8
L'oiseau déliait sa voix sûre 8
Et je vis, de mes yeux mi-clos, 8
La danse presser sa mesure. 8
25 Ce fut, à chaque mouvement, 8
Un scintillement d'étincelles ; 8
On eût dit que le firmament 8
Se brisait en mille parcelles… 8
Je m'éveillai ; les cieux railleurs 8
30 Immobiles tendaient leurs voiles… 8
Mon amour ! à travers mes pleurs 8
J'avais vu danser les étoiles. 8
logo du CRISCO logo de l'université