Métrique en Ligne
SAM_4/SAM169
Albert SAMAIN
Aux Flancs du Vase
1898
RHODANTE
Dans l’après midi chaude où dorment les oiseaux 12
Au fond de l’antre empli d’un clair murmure d’eaux 12
Rhodante, nue, a fui les champs où luit la flamme ; 12
Et sa ceinture gît sur ses voiles de femme. 12
5 Rhodante est fine et chaude avec des flancs légers ; 12
Le fruit brun de son corps fait languir les bergers. 12
Dans son sang orageux comme un soir de vendanges 12
Elle roule une flamme et des fièvres étranges. 12
Et ses petits seins d’ambre ont des bouts violets. 12
10 Oh ! ses lourds cheveux noirs et ses rouges œillets ! 12
Un rayon d’or tombé dans l’ombreuse retraite, 12
A glissé dans sa chair une langueur secrète ; 12
Elle sourit, le cœur mourant dans un soupir ; 12
Tout son corps amoureux s’allonge de désir. 12
15 Ses bras tordus en vain, las d’étreindre le vide, 12
Retombent ; des sanglots pressent son cœur rapide. 12
Par l’attente d’un dieu ses traits semblent frappés ; 12
Elle arrache de l’herbe avec ses doigts crispés 12
Et soudain se soulève à demi, pâle et sombre… 12
20 Et les yeux d’or du faune ont pétillé dans l’ombre. 12
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