Métrique en Ligne
SAM_3/SAM141
Albert SAMAIN
Au Jardin de l'Infante
1893
CHANSON VIOLETTE
Et ce soir-là, je ne sais, 7
Ma douce, à quoi tu pensais, 7
Toute triste, 3
Et voilée en ta pâleur 7
5 Au bord de l'étang couleur 7
D'améthyste. 3
Tes yeux ne me voyaient point ; 7
Ils étaient enfuis loin, loin 7
De la terre ; 3
10 Et je sentais, malgré toi, 7
Que tu marchais près de moi, 7
Solitaire. 3
Le bois était triste aussi, 7
Et du feuillage obscurci. 7
15 Goutte à goutte, 3
La tristesse de la nuit, 7
Dans nos cœurs noyés d'ennui, 7
Tombait toute… 3
Dans la brume un cor sonna ; 7
20 Ton âme alors frissonna. 7
Et, sans crise, 3
Ton cœur défaillit, mourant. 7
Comme un flacon odorant 7
Qui se brise. 3
25 Et, lentement, de tes yeux 7
De grands pleurs silencieux, 7
Taciturnes, 3
Tombèrent comme le flot 7
Qui tombe, éternel sanglot. 7
30 Dans les urnes. 3
Nous revînmes à pas lents. 7
Les crapauds chantaient, dolents, 7
Sous l'eau morte ; 3
Et j'avais le cœur en deuil. 7
35 En t' embrassant sur le seuil 7
De ta porte. 3
Depuis, je n'ai point cherché 7
Le secret encor caché 7
De ta peine… 3
40 Il est des soirs de rancœur 7
Où la fontaine du cœur 7
Est si pleine ! 3
Fleur sauvage entre les fleurs, 7
Va, garde au fond de tes pleurs 7
45 Ton mystère ; 3
Il faut au lis de l'amour 7
L'eau des yeux pour vivre un jour 7
Sur la terre. 3
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