Métrique en Ligne
ROS_1/ROS50
Edmond ROSTAND
LES MUSARDISES
1887-1893
III
LA MAISON DES PYRÉNÉES
XV
LES GENETS
Sur ces balais — stupidement — dressés du sol 12
S'est abattu tout un doux vol. 8
Pour se poser — sur ces balais, — dans la campagne, 12
Des papillons viennent d'Espagne. 8
5 Des papillons — qui sont des fleurs, — des fleurs qui sont 12
Des papillons ! Essaim ? Buisson ? 8
Sont-ils des fleurs ?— Sentez leur souffle ! — Ou bien sont-elles 12
Des papillons ? Voyez leurs ailes ! 8
Papillons-fleurs ; — ces papillons — se sont, légers, 12
10 Sur chaque brindille étagés ! 8
Les gros en bas, — et, tout en haut — de chaque tige, 12
Le plus petit de tous voltige ! 8
Et tout ce vol — de papillons — tout palpitants 12
S'installe là pour quelque temps. 8
15 Et maintenant, — les vieux balais — ont une housse, 12
Et répandent une odeur douce : 8
Ça sent si bon — que c'est toujours — comme si on. 12
Attendait la procession ! 8
Et cette odeur — s'en va troubler — toute la lande, 12
20 Car le vent fait la propagande. 8
Balais ! balais ! — qui vous eût dit, — balais piteux, 12
Que vous seriez si capiteux ? 8
Et tout d'un coup— (mais quel besoin — des fleurs ont-elles 12
Étant des fleurs, d'avoir des ailes ?) 8
25 L'essaim doré, — qui se souvient — d'être espagnol, 12
Prend au vent d'Espagne son vol ! 8
Que reste-t-il — de l'or vivant, — des ailes douces ? 12
Quelques noires petites gousses ! 8
Vous n'avez plus — qu'à frissonner, — genêts frileux, 12
30 En nous offrant, des balais bleus, 8
Des balais bleus — pour balayer — devant nos portes 12
L'amas prochain des feuilles mortes ! 8
Balais ! balais ! — pauvres genêts, — vous êtes laids ! 12
Vous n'êtes plus que des balais ! 8
35 Et vainement — vous murmurez, — ne pouvant croire 12
A la fuite de tant de gloire : 8
« Qu'est-ce que c'est — que ces fleurs-là — qui fuient aux vents 12
Il faut consulter les Savants !» 8
« Que voulez-vous ! » — vous répondront — leurs voix cassées, 12
40 « C'est des papilionacées ! 8
« Il faut avoir, — quand on a peur — de ces douleurs, 12
Des fleurs qui ne soient que des fleurs ! 8
« Mais quand on veut — des fleurs en or — ayant des ailes, 12
On sait à quoi s'attendre d'elles ! » 8
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