Métrique en Ligne
ROL_3/ROL408
Maurice ROLLINAT
Paysages et Paysans
1899
Le Centenaire
Près du laboureur poitrinaire, 8
Devant sa porte, au jour tombant, 8
Est venu s'asseoir sur son banc 8
Le patriarche centenaire. 8
5 Et, comme le gars se désole, 8
Dit qu'on va bientôt l'enterrer, 8
L'ancêtre, pour le rassurer, 8
Lui répond : « T'es jeun', ça m' console. 8
Ton temps est pas v'nu d' dire adieu 8
10 À tout' les bell' choses d'la vie. 8
L' soleil, l'air, te r'mettront ; j' me fie 8
À ces grands méd'cins du bon Dieu. 8
L'hiver, l'arbre est en maladie, 8
I' n'a plus d'oiseaux ni d' couleurs, 8
15 Mais, i' r'prend ses musiq', ses fleurs : 8
C' n'est que d' la nature engourdie. 8
Et puis, pour les tiens, d' si brav' gens, 8
Qui sont pas avancés d'argent, 8
Faut q' tu viv' ! t' es utile encor. 8
20 Tandis q' moi, tant d'âg' me suffit. 8
Maint'nant, plus à charg' qu'à profit, 8
J' suis assez vieux pour faire un mort ! » 8
logo du CRISCO logo de l'université