LES SPECTRES |
Le Tunnel |
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Au milieu d'un tunnel profond comme le vide, |
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Où l'horreur et la nuit pendent leurs attirails, |
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Une femme, tordant sa nudité livide, |
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Est couchée en travers sur les terribles rails. |
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La voûte et les murs froids, pleins de larmes funèbres, |
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Écoutent s'étouffer de longs cris surhumains ; |
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Et coupé par le vent qui court dans ces ténèbres, |
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Un homme est là qui grince en se frottant les mains. |
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Tout à coup, un bruit sourd et deux prunelles rouges |
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Naissent à l'horizon. — « Misérable ! tu bouges, |
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« Tu geins, et tu te mords ; mais, le train marche, lui ! |
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« La descente le pousse et le retard l'active ! |
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« Entends-tu le sifflet de la locomotive ?… » |
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Et la campagne dort et la lune reluit. |
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