Métrique en Ligne
ROL_2/ROL184
Maurice ROLLINAT
Les Névroses
1883
LES REFUGES
Le Rossignol
À Louis Ratisbonne.
Quand le soleil rit dans les coins, 8
Quand le vent joue avec les foins, 8
À l'époque où l'on a le moins 8
D'inquiétudes ; 4
5 Avec Mai, le mois enchanteur 8
Qui donne à l'air bonne senteur, 8
Il nous revient, l'oiseau chanteur 8
Des solitudes. 4
Il habite les endroits frais, 8
10 Pleins de parfums et de secrets, 8
Sur les lisières des forêts 8
Et des prairies ; 4
Sur les bords d'un lac ombragé, 8
Auprès d'un manoir très âgé 8
15 Ou d'un cimetière chargé 8
De rêveries. 4
Le doux ignorant des hivers 8
Hante les fouillis d'arbres verts, 8
Et voit le soleil à travers 8
20 L'écran des feuilles ; 4
C'est là que tu passes tes jours, 8
Roi des oiselets troubadours, 8
Et que pour chanter tes amours 8
Tu te recueilles. 4
25 Tandis que l'horizon blêmit, 8
Que la berge se raffermit, 8
Et que sur les ajoncs frémit 8
La libellule ; 4
Tandis qu'avec des vols ronfleurs, 8
30 Parfois obliques et frôleurs, 8
L'abeille rentre ivre de fleurs 8
Dans sa cellule ; 4
Lui, le bohème du printemps, 8
Il chante la couleur du temps ; 8
35 Et saules pleureurs des étangs, 8
Vieilles églises 4
Ayant du lierre à plus d'un mur, 8
Toute la plaine et tout l'azur 8
Écoutent vibrer dans l'air pur 8
40 Ses vocalises. 4
Quand il pousse dans sa langueur 8
Des soupirs filés en longueur, 8
C'est qu'il souffre avec tout son cœur, 8
Toute son âme ! 4
45 Sa voix pleurant de chers hymens 8
A des sons tellement humains, 8
Que l'on dirait par les chemins 8
Des cris de femme ! 4
Alors elle rend tout pensifs 8
50 Les petits chênes, les grands ifs ; 8
Et mêlée aux ruisseaux furtifs, 8
Aux bons visages 4
De la vache et de la jument, 8
Cette voix est assurément 8
55 La plainte et le gémissement 8
Des paysages. 4
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