Métrique en Ligne
ROL_2/ROL157
Maurice ROLLINAT
Les Névroses
1883
LES LUXURES
La Chanson des yeux
J'aime tes yeux d'azur qui, tout pailletés d'or, 12
Ont une lueur bleue et blonde, 8
Tes yeux câlins et clairs où le rêve s'endort, 12
Tes grands yeux bougeurs comme l'onde. 8
5 Jusque dans leurs regards savants et nuancés, 12
Si doux qu'ils te font deux fois femme, 8
Ils reflètent le vol de tes moindres pensers 12
Et sont les vitres de ton âme. 8
Dans la rue on subit leur charme ensorceleur ; 12
10 Ils étonnent sur ton passage, 8
Car ils sont plus jolis et plus fleurs que la fleur 12
Que tu piques à ton corsage. 8
Oui, tes yeux sont si frais sous ton large sourcil, 12
Qu'en les voyant on se demande 8
15 S'ils n'ont pas un arôme harmonieux aussi, 12
Tes longs yeux fendus en amande. 8
Dans le monde on les voit pleins de morosité, 12
Ils sont distraits ou sardoniques 8
Et n'ont pour me parler amour et volupté 12
20 Que des œillades platoniques ; 8
Mais, tout seuls avec moi sous les rideaux tremblants, 12
Ils me font te demander grâce, 8
Et j'aspire, enlacé par tes petits bras blancs, 12
Ce qu'ils me disent à voix basse. 8
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