Métrique en Ligne
ROL_1/ROL4
Maurice ROLLINAT
Dans Les Brandes
Poèmes Et Rondels
1877
LA PETITE COUTURIÈRE
Elle s'en vient à travers champs, 8
Le long des buissons qui renaissent 8
Pleins de murmures et de chants ; 8
Elle s'en vient à travers champs. 8
5 Là-bas, sur les chaumes penchants, 8
Mes yeux amis la reconnaissent. 8
Elle s'en vient à travers champs, 8
Le long des buissons qui renaissent. 8
Elle arrive et dit ses bonjours 8
10 Sans jamais oublier la bonne : 8
Timidement, comme toujours, 8
Elle arrive et dit ses bonjours. 8
C'est l'ange de bien des séjours, 8
Elle est si jolie et si bonne ! 8
15 Elle arrive et dit ses bonjours. 8
Sans jamais oublier la bonne. 8
La voilà donc tirant son fil, 8
Assise devant la croisée ! 8
Délicieuse de profil, 8
20 La voilà donc tirant son fil. 8
Aux rayons d'un soleil d'avril 8
La vitre miroite irisée. 8
La voilà donc tirant son fil, 8
Assise devant la croisée. 8
25 Ses doigts rompus aux longs fuseaux, 8
Coudraient une journée entière. 8
Ils sont vifs comme des oiseaux 8
Ses doigts rompus aux longs fuseaux. 8
Comme ils manœuvrent les ciseaux 8
30 Qui pendent sur sa devantière ! 8
Ses doigts rompus aux longs fuseaux 8
Coudraient une journée entière. 8
Elle sait couper un gilet 8
Dans une vieille redingote, 8
35 Et ravauder un mantelet ; 8
Elle sait couper un gilet. 8
Pour la boutonnière et l'ourlet, 8
Que de tailleurs elle dégote ! 8
Elle sait couper un gilet 8
40 Dans une vieille redingote ! 8
Elle coud du vieux et du neuf, 8
Elle repasse et rapiécette, 8
Draps de coton et draps d'Elbeuf, 8
Elle coud du vieux et du neuf. 8
45 Comme elle fait courir son œuf 8
De bois peint dans une chaussette ! 8
Elle coud du vieux et du neuf, 8
Elle repasse et rapiécette ! 8
Quand le déjeuner est servi, 8
50 Ce n'est pas elle qui lambine ! 8
Pour moi, je m'attable ravi, 8
Quand le déjeuner est servi. 8
Et nous dévorons à l'envi ! 8
Adieu bouquin ! adieu bobine ! 8
55 Quand le déjeuner est servi, 8
Ce n'est pas elle qui lambine, 8
Enfin ! promenades ou jeu ! 8
Sa récréation commence, 8
Ensemble nous sortons un peu ; 8
60 Enfin ! promenades ou jeu ! 8
— Dans les taillis, sous le ciel bleu, 8
Le rossignol dit sa romance 8
Enfin ! promenades ou jeu ! 8
Sa récréation commence. 8
65 Nous allons voir les carpillons 8
Au bord de l'étang plein de rides, 8
Et que rasent les papillons. 8
Nous allons voir les carpillons ; 8
Le soleil emplit de rayons 8
70 Son beau petit bonnet sans brides. 8
Nous allons voir les carpillons 8
Au bord de rotang plein de rides. 8
Quand on a rangé le dressoir, 8
Elle se remet à mes nippes. 8
75 Alors, en voilà jusqu'au soir, 8
Quand on a rangé le dressoir. 8
Auprès d'elle je vais m'asseoir 8
Et jaser en fumant des pipes. 8
Quand on a rangé le dressoir 8
80 Elle se remet à mes nippes. 8
Je lui fais chanter de vieux airs 8
Qui me rappellent mon enfance, 8
Quand j'errais par les champs déserts ! 8
Je lui fais chanter de vieux airs. 8
85 Et nous causons ! rien dans mes airs, 8
Ni dans mes termes qui l'offense. 8
Je lui fais chanter de vieux airs 8
Qui me rappellent mon enfance. 8
Ses histoires de revenant 8
90 Me font peur ! je le dis sans honte. 8
Je les écoute en frissonnant, 8
Ses histoires de revenant, 8
C'est toujours drôle et surprenant, 8
Les choses qu'elle me raconte : 8
95 Ses histoires de revenant 8
Me font peur ! je le dis sans honte. 8
Et la mignonne disparaît 8
Comme on allume la chandelle ! 8
Elle quitte son tabouret ; 8
100 Et la mignonne disparaît. 8
« Bonsoir ! dit-elle, avec regret. 8
— A bientôt ! ma petite Adèle ! » 8
Et la mignonne disparaît 8
Comme on allume la chandelle ! 8
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