Métrique en Ligne
ROD_2/ROD186
Georges RODENBACH
Les Vies Encloses
1896
LA TENTATION DES NUAGES
IV
Le gris des ciels du Nord dans mon âme est resté ; 12
Je l'ai cherché dans l'eau, dans les yeux, dans la perle ; 12
Gris indéfinissable et comme velouté, 12
Gris pâle d'une mer d'octobre qui déferle, 12
5 Gris de pierre d'un vieux cimetière fermé. 12
D'où venait-il, ce gris par-dessus mon enfance 12
Qui se mirait dans le canal inanimé ? 12
Il était la couleur sensible du Silence 12
Et le prolongement des tours grises dans l'air. 12
10 Ce ciel de demi-deuil immuable avait l'air 12
D'un veuvage qui ne veut pas même une rose 12
Et dont le crêpe obscur sans cesse s'interpose 12
Entre la joie humaine et son chagrin sans fin. 12
Ah ! ces ciels gris, couleur d'une cloche qui tinte, 12
15 Dont maintenant et pour toujours ma vie est teinte ! 12
— Et, pour moudre ces ciels, tournait quelque moulin ! 12
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