Métrique en Ligne
ROD_2/ROD144
Georges RODENBACH
Les Vies Encloses
1896
LES MALADES AUX FENÊTRES
I
La maladie est un clair-obscur solennel, 12
L'instant mi-jour, mi-lune, angoissant crépuscule ! 12
Dans l'ombre qui s'amasse, un reste de jour brûle ; 12
Reverra-t-on la vie au delà du tunnel ? 12
5 La maladie est une crise de lumière ; 12
On sent planer l'ombre de l'aile de la mort ; 12
Quelque chose pourtant d'avant-céleste en sort 12
Et répand une paix d'indulgence plénière. 12
Lente épuration ! Chaste ennoblissement 12
10 De tout l'être par on ne sait quel charme occulte. 12
Est-ce par la pâleur, par l'amaigrissement 12
Qui fait que le visage en ivoire se sculpte ? 12
On se croirait un autre ; on se semble être ailleurs ; 12
On voit mieux ; on s'exhausse à des rêves meilleurs ; 12
15 On a comme soudain en main un bréviaire ; 12
Ah ! qu'on est loin ! Est-ce qu'on habite une tour ? 12
Épreuve, demi-vie, état intermédiaire ; 12
On se sent anormal tel qu'un cierge en plein jour ! 12
logo du CRISCO logo de l'université