LE SOIR DANS LES VITRES |
VI |
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Le soir descend ; il est imminent ; il approche, |
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Emblème de la mort que trop on oubliait ; |
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— On était trop vaillant, on était trop quiet ! — |
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Mais le soir doucement nous en fait le reproche |
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Car il est comme le précurseur de la mort ! |
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Ah ! comment s'en sauver, quel moyen qu'on l'élude, |
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Et qu'on s'illusionne et qu'on le croie en tort |
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Et qu'on échappe à ce qu'il a de certitude, |
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Le temps de se reprendre au leurre du miroir : |
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Fenêtre où s'envoler, tournant le dos au soir ! |
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Le temps de se reprendre au mensonge des lampes. |
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L'ombre s'aggrave ; tout s'oriente déjà |
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Vers la nuit ; seul un lis plus longtemps émergea ; |
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Mais, là, tous ces drapeaux qui meurent à nos hampes ! |
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Tous ces cygnes que l'ombre incorpore ! Ces ors |
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Se dédorant sur les lambris et sur les plinthes |
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À mesure que les ténèbres du dehors |
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Couvrent de crêpe un vieux portrait aux lèvres peintes ! |
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Les bibelots pensifs abdiquent sans effort |
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(Tristes un peu de se sentir des urnes closes) |
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À l'ombre qui leur fait une petite mort, |
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Et mon âme s'incline à l'exemple des choses. |
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