Métrique en Ligne
ROD_1/ROD57
Georges RODENBACH
Le Règne Du Silence
1891
CLOCHES DU DIMANCHE
X
Tristesse ! Je suis seul ; c'est dimanche ; il pleuvine ! 12
Les vitres sont déjà comme des crêpes morts 12
Que faufile une pluie intermittente et fine. 12
Et rien à faire ici ! Rien à faire au dehors 12
5 Où les passants s'en vont monotones et tristes… 12
Or j'en rêve, parmi ce pluvieux décor, 12
De plus seuls et de plus inégayés encor : 12
D'abord les continents et doux séminaristes 12
Qui se hâtent, qui s'en vont deux à deux, là-bas, 12
10 Voués jusqu'à la mort à de noirs célibats 12
Quand nous avons l'amour comme une bonne lampe ! 12
Puis je songe au troupeau puéril et transi 12
D'orphelines en deuil se dépêchant aussi 12
Dans ce soir triste et la bruine qui les trempe… 12
15 Tristesse du dimanche, ô mon âme ! Où tu n'as 12
Pour ressource que de songer aux orphelines 12
S'en retournant vers leurs lointains orphelinats, 12
Si frileuses, malgré leurs longues pèlerines… 12
Et seul, mélancolique, en mon dormant logis, 12
20 J'occupe à les aimer mon rêve qui s'ennuie, 12
Et j'entends de chez moi distinctement la pluie 12
Faufiler leurs bonnets de linge défraîchis. 12
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