Métrique en Ligne
ROD_1/ROD17
Georges RODENBACH
Le Règne Du Silence
1891
LA VIE DES CHAMBRES
XVII
Les chambres, dans le soir, meurent réellement : 12
Les persiennes sont des paupières se fermant 12
Sur les yeux des carreaux pâles où tout se brouille ; 12
Chaque fauteuil est un prêtre qui s'agenouille 12
5 Pour l'entrée en surplis d'une extrême-onction ; 12
La pendule dévide avec monotonie 12
Les instants brefs de son rosaire d'agonie ; 12
Et la glace encor claire offre une assomption 12
Où l'on devine, au fond de l'ombre, un envol d'âme 12
10 Quotidienne détresse ! âme blanche du jour 12
Qui nous quitte et nous laisse orphelins de sa flamme! 12
Car chaque soir cette douleur est de retour 12
De la mort du soleil en adieu sur nos tempes 12
Et de l'obscurité de crêpe sur nos mains. 12
15 Ô chambres en grand deuil où jusqu'aux lendemains 12
Nous consolons nos yeux avec du clair de lampes ! 12
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