Métrique en Ligne
RIM_1/RIM15
Arthur RIMBAUD
POÉSIES I
1869-1870
Au Cabaret-vert, cinq heures du soir
Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines 12
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi. 12
Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines 12
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid. 12
5 Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table 12
Verte : je contemplai les sujets très naïfs 12
De la tapisserie. — Et ce fut adorable, 12
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs, 12
— Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! — 12
10 Rieuse, m’apporta des tartines de beurre, 12
Du jambon tiède, dans un plat colorié, 12
Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse 12
D’ail, — et m’emplit la chope immense, avec sa mousse 12
Que dorait un rayon de soleil arriéré. 12
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