Métrique en Ligne
RIC_2/RIC143
Jean RICHEPIN
LES CARESSES
1877
THERMIDOR
I
LE PENDU JOYEUX
Je te l'ai dit, je suis à toi jusqu'au trépas. 12
Quoi qu'il puisse arriver, je ne me plaindrai pas. 12
Je sais bien que l'amour est une maladie 12
A laquelle il n'est rien de sûr qui remédie ; 12
5 Je sais que d'écouter l'ensorcelante voix, 12
C'est boire à pleine gorge un poison, et j'en bois. 12
Je connais qu'on en souffre, et je crains qu'on n'en meure. 12
Mais au diable demain ! Je veux jouir de l'heure. 12
Le soir où ton beau corps entre mes bras tombait. 12
10 Si quelqu'un m'avait dit : « Ce corps est ton gibet. 12
— Qu'on me pende, ça va, j'aurais dit, et qu'on m'aime ! » 12
Et j'aurais à mon cou mis la corde moi-même. 12
Je suis comme ce gueux qui riait de la mort, 12
Et qui sans peur, sans pleurs, sans regret, sans remord, 12
15 Chantait un air à boire en lâchant l'existence 12
Et dansait une gigue au bout de sa potence. 12
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