Métrique en Ligne
RIC_1/RIC69
Jean RICHEPIN
LA CHANSON DES GUEUX
1881
DEUXIÈME PARTIE
GUEUX DE PARIS
AU PAYS DE LARGONJI
VIII
POIVROT
Eh ben ! oui, j’ suis bu. Et puis, quoi ? 8
Que qu’ vous m’voulez, messieurs d’la rousse ? 8
Est-ç’ que vous n’aimez pas comm’ moi 8
À vous rincer la gargarousse ? 8
5 Voyez-vous, frangins, eh ! sergots, 8
Faut êt’ bon pour l’espèce humaine. 8
D’vant l’ pivois les homm’s sont égaux. 8
D’ailleurs j’ai massé tout’ la s’maine. 8
(Tu sais, j’ dis ça à ton copain, 8
10 Pa’ç’que j’vois qu’ c’est un gonç’ qui boude. 8
Mais entre nous, mon vieux lapin, 8
J’ai jamais massé qu’à l’ver l’coude.) 8
Après six jours entiers d’ turbin, 8
J’ me sentais la gueule un peu sale. 8
15 Vrai, j’avais besoin d’ prend’ un bain ; 8
Seul’ment j’l’ai pris par l’amygdale. 8
J’ sais ben c’ que vous m’ dit’s : qu’il est tard, 8
Que j’ baloche et que j’ vagabonde. 8
Mais j’ suis tranquill’ j’ fais pas d’pétard. 8
20 Et j’ crois qu’ la rue est à tout l’ monde. 8
Les pant’s sont couchés dans leurs pieux, 8
Par conséquent je n’ gên’ personne. 8
Laissez-moi donc ! j’ suis un pauv’ vieux. 8
Où qu’ vous m’emm’nez, messieurs d’la sonne ? 8
25 Quoi ? vrai ! vous allez m’ ramasser ? 8
Ah ! c’est muf ! Mais quoi qu’on y gagne ! 8
J’m’en vas vous empêcher d’pioncer. 8
J’ ronfle comme un’ toupi’ d’All’magne. 8
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