Métrique en Ligne
RIC_1/RIC55
Jean RICHEPIN
LA CHANSON DES GUEUX
1881
DEUXIÈME PARTIE
GUEUX DE PARIS
LES QUATRE SAISONS
XVII
BALLADE DE NOËL
Tant crie l’on Noël, qu’il vient.
(François Villon.)
C’est vrai qu’il vient, et qu’on le crie ! 8
Mais non sur un clair olifant, 8
Quand on a la gorge meurtrie 8
Par l’hiver à l’ongle griffant. 8
5 Las ! avec un râle étouffant 8
Il est salué chaque année 8
Chez ceux qu’il glace en arrivant, 8
Ceux qui n’ont pas de cheminée. 8
Il paraît, la mine fleurie, 8
10 Plus joyeux qu’un soleil levant, 8
Apportant fête et gâterie, 8
Bonbons, joujoux, cadeaux, devant 8
Le bébé riche et triomphant. 8
Mais quelle âpre et triste journée 8
15 Pour les pauvres repus de vent, 8
Ceux qui n’ont pas de cheminée ! 8
Heureux le cher enfant qui prie 8
Pour son soulier au nœud bouffant, 8
Afin que Jésus lui sourie ! 8
20 Aux gueux, le sort le leur défend. 8
Leur soulier dur, crevé souvent, 8
Dans quelle cendre satinée 8
Le mettraient-ils, en y rêvant, 8
Ceux qui n’ont pas de cheminée ? 8
ENVOI
25 Prince, ayez pitié de l’enfant 8
Dont la face est parcheminée. 8
Faites Noël en réchauffant 8
Ceux qui n’ont pas de cheminée. 8
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