Métrique en Ligne
RIC_1/RIC47
Jean RICHEPIN
LA CHANSON DES GUEUX
1881
DEUXIÈME PARTIE
GUEUX DE PARIS
LES QUATRE SAISONS
IX
SOLEIL COUCHANT
Dans les forêts dépouillées 7
Déjà les feuilles rouillées 7
Font un tapis de velours, 7
Et l’on entend de l’automne 7
5 Gémir le chant monotone 7
Coupé par des sanglots lourds. 7
Les frileuses hirondelles, 7
Rasant le sol de coups d’ailes, 7
Se rassemblent à grands cris, 7
10 Et tous les oiseaux sauvages 7
S’appellent sur les rivages 7
Près des étangs défleuris. 7
C’est la saison triste et douce 7
Où l’on rêve, où sur la mousse 7
15 En pleurant on vient s’asseoir, 7
Pour voir le soleil oblique 7
Dans le ciel mélancolique 7
Verser les joyaux du soir. 7
Ici, pas de forêt rousse, 7
20 Pas d’étangs et pas de mousse, 7
Pas de cadre au beau tableau ! 7
Il n’y a que Notre-Dame 7
Qui dans le couchant s’enflamme, 7
Empourprée au bord de l’eau. 7
25 Mais ailleurs, le long des rues 7
Où vont les foules bourrues, 7
Où tout brise l’horizon, 7
Qui donc dans la nue ouverte 7
Voit ta robe rose et verte, 7
30 Ô douloureuse saison ? 7
C’est en vain que tu te pares 7
De tes couleurs les plus rares ! 7
Pour le gouapeur parisien 7
Le ciel d’automne ressemble, 7
35 Étant rouge et vert ensemble, 7
Aux bocaux d’un pharmacien. 7
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