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Ô bois, tu n’es pas sage et tu te plains à tort. |
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Nos mains en te coupant ne sont pas assassines. |
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Enchaîné, subissant l’entrave des racines, |
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Tu végétais au même endroit, sans mouvement, |
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Et conjoint à la terre inséparablement. |
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Toi qui veux être libre et qui proclames l’arbre |
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Vivant, tu demeurais planté là comme un marbre, |
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Captif en ton écorce ainsi qu’en un réseau, |
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Et tu ne devinais l’essor que par l’oiseau. |
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Nous t’avons délivré du sol où tu te rives, |
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Et te voilà flottant sur l’eau, voyant des rives |
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Avec leurs bateliers, leurs maisons, leurs chevaux. |
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Ô les cieux différents ! les horizons nouveaux ! |
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Que de biens inconnus tu vas enfin connaître ! |
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Quel souffle d’aventure étrange te pénètre ! |
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Mais tout cela n’est rien. Car tu rampes encor. |
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Qu’on le fende et le brûle, et qu’il prenne l’essor ! |
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Et le feu furieux te dévore la fibre. |
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Ah ! tu vis maintenant, tu vis, te voilà libre ! |
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Plus haut que les parfums printaniers de tes fleurs, |
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Plus haut que les chansons de tes oiseaux siffleurs, |
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Plus haut que tes soupirs, plus haut que mes paroles, |
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Dans la nue et l’espace infini tu t’envoles ! |
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Vers ces roses vapeurs où le soleil du soir |
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S’éteint comme une braise au fond d’un encensoir, |
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Vers ce firmament bleu dont la gloire allumée |
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Absorbe avec amour ton âme de fumée, |
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Vers ce mystérieux et sublime lointain |
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Où viendra s’éveiller demain le frais matin, |
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Où luiront cette nuit les splendeurs sidérales, |
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Monte, monte toujours, déroule tes spirales, |
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Monte, évanouis-toi, fuis, disparais ! Voici |
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Que ton dernier flocon flotte seul, aminci, |
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Et se fond, se dissout, s’en va. Tu perds ton être ; |
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Aucun œil à présent ne peut te reconnaître ; |
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Et toi qui regrettais le grand ciel et l’air pur, |
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Ô vieux bois, tu deviens un morceau de l’azur. |
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