Métrique en Ligne
REN_5/REN226
Armand RENAUD
AU PAYS DE LA MORT ET DE LA BEAUTÉ
1895
LE LYS DU COFFRET
Les Délices d'Orvieto
A. A. Roll.
Le pape avec ses dignitaires, 8
Se faisant hisser au plateau 8
Qui domine de loin les terres, 8
Est venu voir Orvieto. 8
5 La cathédrale diaprée. 8
Au front de mosaïque et d'or. 8
Pour glorifier son entrée 8
A flamboyé comme un trésor. 8
Et les grands bas-reliefs du porche. 8
10 Les fresques de Signorelli, 8
Avec leurs damnés qu'on écorche, 8
Avec leur ciel d'anges rempli, 8
Tout, de la base jusqu'au faite, 8
Dans le chœur comme dans les nefs, 8
15 Vibre et s'anime, faisant fête 8
Au saint dominant tous les chefs. 8
Mais le pape est las de la gloire, 8
Las de l'encens, las du latin ; 8
Il a pris soif et voudrait boire 8
20 Dans quelque réduit clandestin 8
Où l'on ait, dans une ombre fraîche, 8
Pour vous servir, la blanche main 8
D'une fille au duvet de pêche, 8
Avec un pur profil romain. 8
25 Or, s'il trouvait moyen, le pape, 8
Loin des gens ployant le genou. 8
De s'échapper par une trappe, 8
Il s'en irait, il sait bien où. 8
Car Orvieto met en gerbe 8
30 Les biens profanes et sacrés. 8
Si sa cathédrale est superbe, 8
Les vins au soleil sont dorés. 8
Des ardents reflets de leurs mantes, 8
Des noirs éclairs de leurs regards, 8
35 Les filles aux formes charmantes 8
Brûlent les cœurs de toutes parts ; 8
Et le pape connaît la vigne 8
D'où Ton tire le meilleur vin. 8
Comme la beauté la plus digne 8
40 D'un cantique à son corps divin. 8
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