Métrique en Ligne
REN_3/REN166
Armand RENAUD
CAPRICES DE BOUDOIR
1864
CHUCHOTEMENTS
VI
PRIÈRE PROFANE
Vos yeux, Madame, sont un pôle 8
Où les miens se tournent toujours ; 8
C'est un velours que votre épaule 8
Et c'est un chant que vos discours. 8
5 il sort un éclair magnétique 8
De l'océan de vos cheveux, 8
Et la passion despotique 8
Prend pour armes vos bras nerveux. 8
Mais vous avez l'indifférence 8
10 Plus encore que la beauté ; 8
Vous jouez avec la souffrance 8
Du cœur à vos pieds apporté. 8
Que de vous une âme soit pleine 8
Vous vous mettez à la railler. 8
15 Vous m'embrasez de votre haleine, 8
Et vous me dites d'oublier ! 8
Comme si, voyant fuir le rêve 8
Qu'il n'avait cessé d'appeler, 8
Le cœur, resté seul sur la grève, 8
20 Pouvait encor se consoler ; 8
Que, loin de la fleur qui l'enivre, 8
L'abeille composât du miel, 8
Et que sur terre l'on pût vivre 8
Quand on vient d'entrevoir le ciel. 8
25 Croyez-moi, reine de mes stances, 8
Ce n'est pas tout de fasciner. 8
Laissez en bas les résistances, 8
Soyez grande. Sachez donner. 8
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