Métrique en Ligne
REN_3/REN162
Armand RENAUD
CAPRICES DE BOUDOIR
1864
FRISSONNEMENTS
II
SAVEUR ACIDE
Vous croyez que j'ai dans l'âme 7
Bien peu de force, il parait, 7
Vous qui repoussez ma flamme, 7
Prétextant qu'on me tûrait. 7
5 Mourir ne fait pas mon trouble ; 7
Mais ce dont je suis troublé, 7
C'est, quand mon amour redouble, 7
Votre cœur toujours voilé. 7
Si votre éclat me dédaigne, 7
10 Dites le-moi sans détour, 7
De mon cœur, si fort qu'il saigne, 7
J'arracherai mon amour. 7
Mais si vous m'aimez, de grâce, 7
Madame, abandonnez-vous ; 7
15 Craignez moins que je trépasse, 7
Rendez mes instants plus doux. 7
Qu'on tende ou non quelque trappe, 7
Tout m'est égal, tout est bien. 7
Dans vos bras si l'on me frappe, 7
20 Je ne me plaindrai de rien. 7
Cela même, je l'avoue, 7
Est plein de charme pour moi, 7
Qu'un baiser sur votre joue 7
Porte un péril avec soi. 7
25 Ainsi le marin préfère 7
Les océans orageux 7
A l'eau calme où l'on peut faire, 7
Sans rien risquer, tous les jeux. 7
Ainsi l'on est pris d'ivresse, 7
30 Sur un gouffre se penchant ; 7
Ainsi d'un glaive on caresse, 7
Avec plaisir, le tranchant. 7
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