Métrique en Ligne
REN_2/REN89
Armand RENAUD
Poésies
1860-1880
LES NUITS PERSANES
LA SOLITAIRE
Floraison
DE dilater mon cœur le jour est venu ; 11
L'amour doit vendanger ma vigne. 8
Je sens, pour m'envoler au ciel inconnu, 11
Qu'il me vient des ailes de cygne. 8
5 J'étais dans la fournaise, et ma chair brûlait, 11
Et la fournaise était bien close. 8
La fournaise devient un moelleux filet ; 11
Tout charbon n'est plus qu'une rose. 8
Oh ! je serai jalouse ! Oh ! j'enchaînerai 11
10 De mes cheveux ce cœur farouche. 8
Mes baisers poseront un sceau consacré, 11
Plus fort que la mort, sur sa bouche. 8
A personne je n'ai conté le bonheur 11
Qu'à grand'peine mon cœur refoule ; 8
15 Car nul ne m'a paru valoir cet honneur, 11
Parmi les sages ni la foule. 8
Mais je l'ai dit tout bas aux flots bleus du ciel, 11
A l'errant vaisseau de la lune, 8
Même au vent printanier, au souffle duquel 11
20 S'ouvre la fleur de ma fortune. 8
Qu'on ne me parle plus du palais des rois, 11
Du paradis aux fraîches ondes, 8
Je peux boire la terre et le ciel au choix. 11
L'amour m'a donné les deux mondes. 8
25 Qu'on ne me parle plus de la Kaaba 11
Où l'on baise la pierre noire. 8
L'amour plus sûrement du ciel me tomba ; 11
A lui seul mon baiser veut croire. 8
La rose blanche était le triste ornement 11
30 De la vierge, aux langueurs en proie. 8
Femme aimée, ôte-la ; mets pour ton amant 11
La rose rouge de la joie. 8
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